Depuis le nord-est du Chili, nous avalons quelques 1000 mètres de dénivelé en bus pour accéder à l’Altiplano, cet immense plateau entre 3500 et 4000 mètres d’altitude et couvrant près de 10% de la surface de la Bolivie.
Nous passons la frontière dans une petite douane désuète au pied du volcan Ollagüe. Une ligne de chemins de fer hors d’usage et des trains abandonnés témoignent des anciens échanges commerciaux ferroviaires entre le Chili et la Bolivie. Aujourd’hui il s’agit plutôt d’une aire de jeux pour les enfants patientant pendant les formalités administratives.
Nous posons nos bagages à Uyuni et découvrons en chair et en os nos premières cholitas, ces Indiennes de Bolivie portant fièrement le costume traditionnel dont les éléments caractéristiques sont une jupe gonflée par de nombreux jupons, un morceau de tissus autour des épaules faisant office de sac à dos et surtout un chapeau melon porté très haut en équilibre sur le sommet du crâne.
La petite cité d’Uyuni se singularise par son Salar. A quelques kilomètres du centre-ville s’étend en effet le plus vaste désert de sel du monde. C’est d’ailleurs pour nous le premier point d’arrêt d’un trip de trois jours en jeep. Les grosses pluies récentes ont recouverts le Salar de 20 centimètres d’eau dans lesquels nous pataugeons en dégustant un délicieux steak de lama. Autour de nous, se jouent le ballet de jeeps glissants sur l’eau et tutoyant le ciel et ses nuages.
L’immensité des paysages que nous traversons déforme les perspectives et nous en profitons pour prendre quelques clichés amusants.
Ensuite, nous partons à la découverte des paysages arides de la région. Notre chauffeur nous propose de tester une des spécialités locales, la coca, nous acceptons bien sûr tous par curiosité, avec pour seul effet un léger engourdissement de la gencive. Cette feuille, matière première de la cocaïne, est ici consommée par toute la population, mâchouillée contre entre la joue et la gencive pour en extraire son essence ayant a priori des vertus contre le mal d’altitude, les problèmes digestifs ou encore la somnolence… rien que ça.
La base de l’alimentation bolivienne défile derrière les vitres de la voiture : les plants de quinoa pour les céréales, les troupeaux de lama pour la viande et les produits laitiers (les lamas jouent ici le rôle des vaches chez nous, en fait).
Pendant trois jours, notre chauffeur nous fait découvrir des paysages surprenants marquant rituellement chaque arrêt de moteur par un tonitruant « Ok Chicos ! ».
Au programme des différents arrêts :
- Etrange arbre de pierre au milieu d’un désert de dunes ;
- Lacs d’altitude colorés et peuplés de gracieux flamants roses ;
- Champs de geysers au crépuscule à plus de 5000 mètres d’altitude ;
- Petite baignade dans un bassin d’eau chaude ;
- Champs de rochers ocres à perte de vue
Nous troquons ensuite les zones désertiques pour une ambiance plus citadine. Potosi, ville la plus haute du monde (4070m, plus haut qu’une quelconque station de ski en France), nous accueille à travers la brume des fumées d’échappement des bus arpentant les rues escarpées et tremblant de toute leur carrosserie. Nous ne sommes gère mieux, essoufflés comme des asthmatiques à la recherche des quelques molécules d’oxygène ayant résistées à l’altitude et la pollution.
L’empreinte des conquistadors espagnols sur cette ville qu’ils ont fondée ne s’est que très peu estompée. Ils ont d’abord transformé le Cerro Rico, mont qui domine la ville en véritable gruyère suite à des siècles d’exploitation minière intensive, encore en activité et dans les mêmes conditions très difficiles.
Puis, pour se sentir protéger si loin de chez eux ou peut-être se faire pardonner les horreurs perpétrées envers les esclaves envoyés à la mine, ils ont multipliés les édifications d’églises (plus de 80 clochers recensés) donnant aujourd’hui un cachet architectural certain à la ville. Tous les édifices religieux ne sont d’ailleurs plus forcément utilisés à des fins religieux, nous logeons d’ailleurs dans un ancien monastère carmélite.
Oubliés les clochers ocres de Potosi, place aux façades blanches des églises de Sucre. Sucre est décrite comme la ville la plus agréable de Bolivie et cela à juste titre. Les rues sont claires et animées, le marché et ses vendeuses très sympathiques, ses fruits et légumes appétissants.
En fin de journée, nous accédons aux toits d’un couvent nous offrant un panorama splendide sur la ville et ses alentours. Nous jouissons du calme de cet endroit contrastant avec les bruits montant des rues.
Le petit village de Tarabucco, à quelques kilomètres de là, est réputé pour son marché artisanal du dimanche matin. Malgré ses ruelles avenantes, il s’agit d’un véritable ghetto touristique avec les tarifs spéciaux pour occidentaux. Nous repoussons nos emplettes à plus tard.
Deux guides très sympathiques nous accompagnent pour la visite du cratère de Maragua. Une petite balade sur un chemin Inca permet de faire plus ample connaissance, de disserter sur les différences d’espagnols entre chiliens, argentins et boliviens et de découvrir que leur acteur référence en matière de cinéma français n’est autre que Jean-Baptiste Meunier, jeune chanteur du film « Les Choristes ». Surprenant. La discussion avec nos deux compères est agréable et les paysages sont tout aussi plaisants.
Nous arrivons dans le cratère qui en fait n’est pas le point culminant d’un volcan comme nous le pensions mais une immense formation géologique de 8 kilomètres de diamètre abritant quelques villages isolés que nous traversons.
La date de Carnaval approche et en Bolivie on ne plaisante pas avec Carnaval. Les gens en parle des semaines avant et, paraît-il, là où il faut se trouver à cette occasion c’est à Oruro. Et Oruro est sur notre route, ce sera donc notre prochaine étape.
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