Au sein d’un tel cadre, il n’est
pas étonnant que la randonnée soit l’attraction principale. Nous nous
échauffons avec une balade menant jusqu’à une roche présentant d’étonnante
similitude avec la tête d’un indien, peut-être un des derniers représentante des
occupants historiques du sol sud-américain en partie anéantis par l’envahisseur
hispaniques il y a quelques siècles et ensuite complétement assimilé par le
métissage.
Nous nous attaquons ensuite à
plus difficile en l’occurrence au sommet culminant du coin et ses 2200 m
d’altitude avec une pause pour la nuit dans un petit refuge à flanc de montagne
toisant la ville quelque 1000 m plus haut.
C’est dans la neige que nous nous
approchons du sommet, d’où nous bénéficions d’une vue panoramique splendide sur
les reliefs à des dizaines de kilomètres. Nous profitons du spectacle des
changements de lumière incessants sur les montagnes avoisinantes dues à la vitesse
avec laquelle le vent pousse les nuages.
Nous passons donc la nuit dans un petit refuge d’altitude au décor pittoresque. Les couchages sont très rustiques mais la fatigue de l’ascension cumulée à la consommation de bière artisanale autour de parties de belote endiablées avec nos deux compères du moment Yann et Céline nous garantissent un profond et agréable sommeil bercé par le silence de la montagne.
Suite à ces quelques jours de
marche, nous goûtons aux douceurs culinaires argentines pour reprendre des
forces. Au menu alfarojes, patisseries à base de dulce de leche (confiture de
lait dont raffole les argentins) et empenadas, sorte de chaussons fourrés de
viandes, épinard et/ou fromage. Pour les argentins ces gourmandises
s’accompagnent très souvent de maté. A dire vrai, cette boissons locale les
accompagnent partout et constamment : la caissière au supermarché a
toujours sa calebasse de maté à proximité avec la paille qui convient pour le
boire, il en est de même de l’artisan derrière son stand, du banquier derrière
son guichet ou de la grand-mère qui surveille ses petits-enfants à la porte de
chez elle.
Un peu plus nord, les montagnes
sont un peu moins hautes mais les lacs sont en nombre. La route des 7 Lacs que
nous sillonnons en voiture entre San Carlos de Barriloche et San Martin Los
Andes nous en offre un superbe aperçu. Les lacs se suivent tout au long de ce
trajet, le bleu de l’eau tranchant souvent avec le violet des lupins
qui colorent ses rives.
Nous passons la nuit à San Martin
Los Andes, petite ville posée bien sûr au bord d’un lac constituée de chalet en
bois et offrant tous les services d’une petite station de sport d’hiver.
La suite de notre programme nous
réserve encore des montagnes et des sommets enneigés de la Cordillère des
Andes, mais plus de 1000 kilomètres au Sud. Nous parcourons ce trajet en bus,
ainsi nous traversons la Patagonie du Nord au Sud, derrière les vitres défilent
des paysages désert et une ligne d’horizon lointaine et constante. Parfois, une
carcasse de bétails perdus rompt la monotonie du bord de route. A intervalle
régulier, un amas de maison témoigne d’une présence humaine et surtout d’une
station-service.
Cette route mène à un endroit digne du Far West : El Chalten
petite bourgade d’à peine 300 habitants, né au début des années 80 pour servir
de pieds à terre aux mordus d’escalades et de randonnées attirés par les parois
et les chemins à l’ombre des sommets voisins : le Cerro Fitz Roy (3405m),
le Cerro Torre (3102m) et le Cerro Grande (2100m). Dans ce qui est considéré
comme la capitale argentine du trek nous partons chaque jour à l’assaut des
sentiers menant aux différents « miradors » pésentant lacs et cimes
sous différents aspects. Une fois de plus les « cerros » nous jouent
un cache-cache incessant avec les nuages. La perception des dimensions est
altérée par l’immensité des panoramas qu’offrent reliefs et lacs.
Quelques dizaines de kilomètres
plus au sud se trouve la capitalesargentine des glaciers, El Calafate
surnommée ainsi car point de départ des excursions vers le Perito Moreno. Il
s’agit d’un glacier, l’un des plus grands du monde et l’un des plus
accessibles. Depuis des passerelles, il est possible d’admirer la façade de
5000 mètres de long et de 60 mètres de hauteur. Cette façade est en constante
évolution puisque des blocs de glace ne cessent de s’en détacher. Nous sommes
surpris dès notre arrivée sur le site par un bruit sourd et long s’apparentant
à un coup de tonnerre. Quelques minutes plus tard, sous nos yeux ébahis ,se reproduit le
même son accompagnant la chute à grand fracas de tout un pan de la façade du
glacier. Nous passons notre journée à repérer les différentes fissures en
attente de la chute de blocs de glaces.
Noël approche et nous avons rendez-vous en terre chilienne pour l'occasion. La topographie du sud du Chili nous contraindra de repasser par l'Argentine pour plus tard gagner Santiago.