vendredi 25 mai 2012

Il était une fois en Anatolie

En un dizaine de jours, nous sommes passés de la côte de la Mer Egée à la côte de la Mer Noire : nous voici donc à Trabzon. Notre passage dans cette ville allait conditionner la suite de notre voyage, puisque nous comptions y obtenir notre droit d’entrée sur le sol iranien. C’est chose faite seulement quelques heures après notre arrivée, l’indécision sur notre passage en Iran est levée, nous avons notre visa.











Mais avant cela, nous avons traversé la Turquie en diagonale. Notre premier arrêt est consacré au site de Pamukkale et ses sources d’eau chaude sur un flanc de montagne recouvert de calcium. Notre tente installée dans une position stratégique, c’est-à-dire au pied du relief cotonneux, nous passons notre soirée à admirer le site en profitant d’un apéro offert par un couple de voisins californiens, très accueillants et très enthousiastes.



 
Le lendemain, nous attaquons l’ascension de ce qui ressemble à un domaine skiable, les pieds nus (pas le choix, quelques gendarmes, eux aussi déchaussés et sifflet en bouche, vérifient le bon respect des consignes) et les maillots de bain dans le sac  dos, à portée de mains pour profiter du premier bassin à notre convenance. L’endroit est vraiment atypique et « amazing » (c’est le mot utilisé à grand renfort d’onomatopée par notre rencontre californienne de la veille). Les touristes le sont aussi au vu des poses extravagantes qu’ils ne cessent de prendre. Marie aura quelques difficultés à apprécier la beauté du paysage. En effet, la réverbération du soleil sur la roche blanche et la perte de sa seconde paires de lunettes de soleil en moins d’un mois l’empêche d’ouvrir les yeux. Mais, elle pourra profiter pleinement du site antique au sommet de l’ascension.












La Capadocce, quelques centaines de kilomètres plus à l’est constitue notre première découverte du plateau anatolien. Nous passons quelques jours dans un petit camping de Göreme, très à notre aise. Marie y est très vite adoptée. Elle obtient tout d’abord un poste d’interprète auprès de deux couples de français, puis se permettra de donner un petit coup de main en cuisine en participant à la confection des gözleme (pancakes locaux).

Nombre d’agences touristiques proposent la location de vélos, de quads ou autres engins pour découvrir les paysages du coin, pittoresques et surprenants. Pour une vue aérienne, des « balloons tour » sont proposés, le ballet des montgolfières étant d’ailleurs un spectacle plutôt sympathique au petit matin. Pour notre part, c’est en usant nos semelles que nous arpentons monts et vallées aux noms évocateurs : la Red Valley et ses roches couleur brique, la Rose Valley et ses roches couleur… ben rose et la Love Valley et ses cheminées rocheuses aux formes plutôt explicites. Les plus massifs de ces cônes et pitons abritent les maisons troglodytes et même des églises.




Après ces quelques jours, nous décidons de reprendre la route et de revenir à notre moyen de transport initial : le stop. Nous réussissons à gagner Trabzon en trois jours, une durée bien inférieure à nos prévisions. Cette traversée de l’Anatolie profonde nous fait quitter les chemins touristiques et progressivement la communication devient un peu plus difficile. Il est en effet rude de trouver un chauffeur parlant autre chose qu’exclusivement le turc et notre turc n’est que très rudimentaire. Nos échanges se limitent à des sourires, des indications sur nos trajets respectifs, une proposition de cigarettes, un peu de politique étrangères (pas un seul de nos chauffeurs n’a omis de nous mentionner son animosité pour notre désormais ancien président), un commentaire sur la musique turque. Nous connaissons parfois quelques moments de confusion bien drôles pour définir notre point de chute mais le meilleur moment reste l’étonnement de notre chauffeur lorsque nous parvenons enfin à lui faire comprendre que notre voyage ne fait que commencer.



Nous faisons des haltes dans les villes de Sivas et Gümüshane, des villes a priori peu habituées à accueillir deux touristes et leurs sacs à dos. Nous sentons ne pas passer inaperçus et il est vrai que les blondes ne courent pas les rues, comme en attestent les regards très fréquents dans notre direction. Cependant, nous bénéficions d’une attention toute particulière, il est plutôt aisé d’obtenir un renseignement (à Gümüshane, nous disposons même d’une escorte de deux adolescents nous accompagnant à notre pension).
Notre visa en poche, nous pouvons maintenant tranquillement nous diriger encore plus vers l’est et la frontière iranienne, après quelques jours de pause et de repos à Trabzon.

jeudi 17 mai 2012

Premiers pas en Asie ...

Déjà 10 jours en Turquie et nous nous dirigeons tranquillement vers l’est. La première étape de ce périple turc aura été Istanbul, 4 jours dans cette immense ville à slalomer entre ces 13 millions d’habitants, à courir pour traverser devant les voitures klaxonnantes, à passer d’un côté et de l’autre du Bosphore tantôt en Europe tantôt en Asie.

               



Difficile de ne pas se laisser tenter devant la quantité de nourriture proposée : gozeleme (crêpes contenant viande, fromage ou épinard), kebap, pideci, pâtisseries…  D’autant plus que les marchands et leurs rabatteurs ne cessent de nous attirer dans leurs échoppes avec leur fameux « Hello yes please ! » introduisant la conversation.
Heureusement on trouve partout des petits squares équipés d’appareils de fitness où femmes de tout âge, hommes cravatés, touristes viennent perdre quelques calories.






Après avoir mis le voile et  s’être déchaussé nous avons pu visiter la mosquée bleue (appelée ainsi grâce à ses faïences bleue, verte et blanche), l’heure de la prière est arrivée, nous aurions aimé y assister mais vite repérés nous avons été priés de sortir au même titre que tous les autres touristes.


On s’est alors baladé autour du palais Topkapi, avons erré dans les allées du bazar, concluant nos journées par  une partie de backgammon (en turc tavla)  en sirotant une efes (bière locale) et croquant quelques amandes grillées. Nous sommes devenus fans de ce jeu ce qui nous attire la sympathie des locaux très friands de ce divertissement.
Samedi soir, nous sommes surpris par l’hystérie collective, deux clubs rivaux de la ville s’affrontaient pour le titre de champion de Turquie, télés et radios sont allumées, les drapeaux sont en vente, et les vainqueurs ont le droit à un feu d’artifice sur le Bosphore, nous en avons évidemment profité ! (pour les connaisseurs Galatasaray a obtenu un match nul dans le stade de Fenerbaçe et devient champion de Turquie).

Pendant ce temps, les pêcheurs, impassibles, continuent d'attendre le poisson, tout juste perturbés par les cris et les chants.

Nous avons passé ces quelques jours dans une auberge de jeunesse très sympathique, malgré notre niveau d’anglais très moyen, nous réussissons à discuter avec d’autres voyageurs, grâce à qui nous récoltons des adresses bien utiles pour la suite !
Grace aux conseils d’Ali le « chef » de l’auberge, nous partons directement à Selçuk, près d’Izmir.

On retrouve le calme des petites villes, les klaxons sont toujours présents grâce aux dolmus (minibus) qui nous proposent de nous emmener sur les sites touristiques avoisinants, nous décidons de faire tous ces trajets à pieds. Ces trajets seront l’occasion de croiser sur la route des paysans turcs, des restaurateurs qui nous offrent le thé et avec qui Loïc échange quelques mots de turcs.
Nous esquivons l’entrée onéreuse du site antique d’Ephese en grimpant à travers les vergers  sur la colline surplombant les ruines, une magnifique vue d’ensemble ! Malheureusement, il est encore un mois trop tôt pour pouvoir profiter des fruits des orangers, pêchers, figuiers, oliviers,…



Nous continuons nos parties de backgammon quotidiennes, accompagnées maintenant d’Ayran (boisson salée à base de yaourt) puisque la bière se fait plus rare. Je découvre que  le lait ribot s’est exporté de Bretagne (rires de Loïc).
En nous baladant dans le village, même les barbiers nous accostent maintenant, attirés par la barbe conséquente de Loïc. (Mais pas par ces cheveux, qui eux se font de plus en plus rares… ndlr)

La Mer Egée toute proche nous incite à faire un saut à la plage avec baignade programmée finalement annulée aux vues du vent violent, nous retenterons la baignade en Mer Noire. A ce jour, nous avons débuté notre route vers l’est de la Turquie, notre premier arrêt étant Pamukkale, la suite des aventures au prochain épisode.

jeudi 10 mai 2012

Ploiesti, mon amour.


Après une dernière soirée à Sarajevo en compagnie d’un routard français fort sympathique, nous reprenons la route direction Belgrade.
Nous faisons un trajet agréable avec des paysages magnifiques dans les Balkans et la rencontre de plusieurs femmes serbes avec qui nous échangeons mécanique en allemand-serbo-anglais suite à la crevaison d’une des roues qui nous aura permis de faire une bonne pause dans un garage.
Nous arrivons en Serbie en fin de journée et nous découvrons rapidement la ville en tentant de se familiariser avec l’alphabet cyrillique. Nous jetons un petit coup d’œil sur le Danube et nous faisons un petit tour au "Green Market".  Le tumulte de la grande ville ne nous séduit guère mais c’est juste pour une nuit, une nuit d’ailleurs fort agitée puisque accompagnés de jeunes clandestins qui «adorent !!!! » la France et qui nous font découvrir jusqu’à tard dans la soirée les Cheb Mami, Cheb Khaled,… il y a de l’animation dans l’auberge !

De nouveau nous remontons dans un bus, celui-ci nous conduit à une gare qui nous semble désaffectée puis à la frontière roumaine. Nous montons dans un train pour la nuit,  après contrôle des papiers, la police ferroviaire s’applique pendant une bonne heure et demi à démonter les wagons (sièges, plafonds,…) avec visseuse, escabeau et lampe torche, on ne plaisante pas à la douane roumaine. Cette tache terminée nous pouvons partir !



Après une nuit de sommeil entrecoupée de différents et réguliers contrôles (« Passeport, Tickets please »), nous arrivons en Roumanie à Ploiesti (50 km au nord de Bucarest). Quelques minutes  d’attentes  devant le portail de nos hôtes (la sonnette ne fonctionne pas…) nous seront bénéfiques : en effet, à notre grand étonnamment une femme sortant de l’église voisine, ayant certainement pitié de nous, nous offre  bière, sandwich et fruits (et même un peu d’argent que nous réussissons à refuser après d’âpres négociations). Qu’ils sont accueillants ces roumains !! Tout autant que Julien et Damien, nos hôtes donc, et surtout deux amoureux de la Roumanie chez qui nous passeront  quelques jours.
Ces quelques jours seront l’occasion d’une excursion en Transylvanie, dans le massif des Carpates. La Transylvanie bien sûr réputée pour ces légendes de vampires. Un passage par le village de Bran nous permis de visiter son château, dont s’est inspiré Bram Stoker pour créer le personnage Dracula (mais où n’a bizarrement jamais vécu le personnage qui a inspiré Dracula, Vlad Tepes, un ancien seigneur de la région, parait-il spécialiste de la torture par empalement). Nous passons une soirée à Brasov à tester la cuisine locale (à base de chou) et les cocktails-maison d’un barman apparemment ravi de trouver des étrangers pour tester ses nouvelles créations.



Le lendemain une petite promenade sur les hauteurs de Brasov guidés par Julien, notre « leader » comme il se définit, puis retour à Ploiesti avec au programme visite de « sa » centrale électrique et ses quelques groupes de chien errants (une spécialité roumaine conséquence du communisme nous apprendra-t-on). Sur la route retour, une erreur de trajet nous offre l’agréable surprise de traverser un village de Gitans et d’y croiser des calèches de chevaux au galop.
Nous consacrons notre dernière journée roumaine à Bucarest et son palais du peuple (allez encore un classement farfelu : le deuxième bâtiment le plus vaste au monde après le pentagone et dont la construction a été dirigée par M. Ceausescu).
Après ces quelques jours bien remplis, nous décidons que notre prochaine étape sera Istanbul. Pour cela, une quinzaine d’heure de transport nous attend.